dans le cadre du dispositif de compositeur et compositrice associé.E dans les scènes pluridisciplinaires
Inviter un compositeur tel que Jérôme Hoffmann à consacrer du temps, à fréquenter réellement, à « comprendre » ce qu’il y a de singulier à Juvignac pour – peut-être in fine en saisir de manière plus proche une forme d’universalité, la poétique de la vie pavillonnaire, de la mitoyenneté, du travail et du rendement de la terre de sa parcelle, du rêve et du droit à la propriété, de la vie de famille pour les uns et de l’isolement un jour, pour d’autres, de la proximité de la ville comme de la garrigue, des silences saillants en milieu de journées… C’est faire le pari peu risqué d’une attention fine et délicate autant que celui plus curieux – et n’est-ce pas le propre des lieux de création et de diffusion – de voir sa propre attention bousculée par le regard – et ici l’écoute – d’un artiste et de nourrir le souhait sincère de rendre à ce territoire ce qu’ensemble nous en aurons extrait.
« Comprendre » au sens de saisir, d’embrasser – peut-être moins par l’intelligence et la pensée tel que l’étymologie de ce verbe l’entend – mais plutôt par la fréquentation quotidienne, par l’écoute, par le partage de sa pratique compositionnelle, par la compréhension de ce qui forme les « attachements » de ses populations, par l’invitation à fréquenter d’autres œuvres musicales.
Inviter un compositeur donc, son univers, sa relation au sonore, pour conscientiser, révéler et célébrer ces attachements.
Cette démarche – que seul un temps long et privilégié permet – s’écrira dans une recherche de réciprocité.
Cette réciprocité qui permettra à Jérôme Hoffmann de poursuivre et d’approfondir son vocabulaire et sa syntaxe soniques sur un terrain spécifique. Le territoire comme terreau.
Ce désir de réciprocité qui activera des modalités de rencontres plurielles et cherchera à entrer en conversation avec la population dans sa pluralité, avec les partenaires et les publics de l’éducation artistique et de l’enseignement artistique spécialisé.
Celle qui s’attachera à rendre à ce territoire spécifique, à la commune de Juvignac donc, une trace mémorielle.
Il s’agira là d’œuvrer avec des personnes, des populations avant de s’adresser à des publics.
PROGRAMMATION
• Partager la réflexion sur la programmation musicale : quelles œuvres musicales à même de rencontrer des curiosités et sensibilités différentes : populations et publics pluriels (jeune public (avec une attention particulière aux plus jeunes), tout public, étudiant.e.s, publics dits prioritaires…)
• Sensibiliser les publics, notamment les jeunes publics à des formes musicales, à des œuvres musicales appartenant au répertoire du XXIe siècle.
RELATIONS AU TERRITOIRE, AUX PUBLICS & AUX POPULATIONS
• Permettre et travailler la présence longue d’un compositeur sur le territoire de Juvignac et de la métropole Montpelliéraine
• « Mener l’enquête »…. D’une sensiblisation à l’écoute à des gestes compositionnels, une présence artistique singulière en milieu périurbain. Inviter à arpenter et révéler des paysages ordinaires.
• « Aller vers » les habitant.e.s dans la pluralité de leurs réalités.
• « Aller vers » les personnes mal voyantes du territoire
• Favoriser les croisements et rencontre de divers publics
• Penser et conserver la trace et la mémoire des actions engagées.
PRATIQUES ET EDUCATION ARTISTIQUES
• Créer des liens avec le Conservatoire à Rayonnement Régional de Montpellier, l’Ecole de musique de Juvignac, les centres de création musicale, lieux de recherche, l’ENSAM, la MAOM, les scènes pluridisciplinaires.
• Créer des espaces de pratique partagée entre pratiques amateur, éducation artistique et culturelle, sensibilisation et de formation culturelles des publics et enseignement artistique spécialisé́
PROFESSIONNELS
• Impulser et expérimenter des collaborations et des démarches intersectorielles (musique contemporaine, autres disciplines appartenant aux arts vivants en espace public, approches liées à l’architecture et à l’urbanisme…)
• Articuler ainsi recherche, expérimentation, fabrique et administration de la ville, création et diffusion musicales, médiation culturelle.
• Travailler à l’affirmation de la place de la musique au sein des lieux culturels comme d’autres secteurs (diffusion, production, éducation artistique et culturelle)
• Participer à alimenter la ressource sur :
– la composition musicale contemporaine dans une pratique apparentée à l’in situ
– les approches artistiques sonores de l’espace public
L’idée est de penser la réciprocité de la relation entre l’équipe du lieu et Jérôme Hoffmann. Pour ce faire, il importe d’aménager des espaces de « formation » en interne comme des temps de ressources partagées. Qu’il s’agisse des enjeux liés à la place de la création musicale contemporaine dans la programmation, à ceux de la médiation ou encore à ceux qui nourrissent la Fabrique des Paysages, il s’agit bien de viser à faire culture commune et de s’outiller mutuellement.
Jérôme Hoffmann a la volonté de multiplier les entrées de découverte des écritures sonores contemporaines en proposant des temps partagés :
• de découverte de techniques et pratiques de création sonore telles que l’électroacoustique appliquée au spectacle vivant. L’immersion dans les objets sonores en trois dimensions (présentation de la spatialisation comme élément de narration).
• de découverte du répertoire contemporain de pièces acousmatiques. Nous avons la chance d’avoir un des meilleurs dispositifs de diffusion sur Montpellier avec l’acousmonium de Julien Guillamat (de la Maison des Arts Sonores) avec qui Jérôme Hoffmann collabore régulièrement (ils ont notamment créée en 2017 ensemble ELEM : Electro-acoustic Laptop Ensemble de Montpellier)
• des temps informels de contemplation avec l’équipe de l’Atelline et les compagnies en résidences. Un rendez-vous de 20 minutes en milieu de journée pour apprécier le potentiel de relaxation du sonore.
• des temps d’arpentage de Juvignac, propices à une interconnaissance partagée de ce territoire.
• De permettre à l’équipe de l’Atelline de développer ses clés d’écoute et ses outils de médiation propres, d’esquisser un parallèle avec le langage et la création chorégraphique également, de mieux appréhender les langages pluridisciplinaires voire « indisciplinaires » qui sont de plus en plus à l’œuvre aujourd’hui et au sujet desquels il importe d’outiller regards et propos.
L’enjeu est ici pluriel.
Il s’agit à la fois de penser et d’aménager une place plus importante du champ musical dans la programmation, témoin de la diversité et de la pluralité esthétique de la création contemporaine, de permettre un développement de la veille artistique dans ce champ disciplinaire. Une programmation musicale pensée, de plus, en dialogue, en echo, en prolongement, en contrepoint avec la ligne curatoriale de l’Atelline et en dialogue avec des espaces publics et non dédiés.
Il importe également de permettre à Jérôme Hoffmann de « rencontrer » par le prisme de ses créations.
L’ambition et la feuille de route de l’Atelline est de participer, avec ses outils propres– ceux d’une programmation artistique -, à l’émergence de récits symboliques communs et au dialogue avec l’altérité, à force de temps de fête, d’instants saugrenus, de célébrations, d’écritures contextuelles, de présences d’artistes en recherche, au travail, de connivences, de marches dans la ville, d’objets artistiques documentaires, de créations situées….
La perspective des échanges et sessions de travail sur la question musicale s’inscrira pleinement dans cette intention.
• Une découverte des pièces du répertoire du compositeur produites par Braquage Sonore & Cie
• Une découverte de musicien.ne.s contemporain.e.s oeuvrant sur le pourtour méditerranéen, en partenariat avec le +SILO+ notamment.
L’Atelline est en effet l’un des membres actifs de la Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée initiée par le CDN Théâtre des 13 Vents. Cette biennale (théâtre, danse, cirque, musique) a pour ambition, sous la forme d’un programme de pièces, de rencontres et d’ateliers, de donner au public, un aperçu de la création contemporaine en Méditerranée, d’ouvrir un temps de partage des œuvres et de la pensée, de créer un espace de solidarité et d’hospitalité, de croiser des territoires géographiques et imaginaires, de partager collectivement les enjeux esthétiques et politiques qui traversent la région et l’époque.
Orienter ensemble la programmation musicale vers des œuvres issues du bassin fait pleinement sens et écho avec la ligne curatoriale de l’Atelline. Elle pourra de plus générer d’autres démarches partenariales.
• Une ouverture sur des techniques de créations sonores innovantes appliquées au spectacle vivant et concerts dans des représentations en espaces non dédiés. ….Nous avons commencé à évoquer les compositeurs et compositrices suivantes : Serge de Laubier et ses dispositifs d’écoutes tactiles / Christophe Ruetsch et Maguelone Vidal, pour leur approche du sonore du corps / Julien Guillamat et son acousmonium / Julie Rousse et le cinérama : River FeedBack 0 – 2439 / Erwan Keravec (compositeur qui a signé la partition musicale de ANIMA, dernière création du chorégraphe Jordi Gali – Cie Arrangement provisoire accueillie et coproduite par l’Atelline) / Christophe Modica pour son approche de la composition du réel et son expérience en plurielle de l’espace public.
• Une entrée dans les nouvelles écoutes et l’art sonore en proposant des œuvres issues d’une relation créative avec le sonore du monde en partenariat avec Phonurgia-Nova (Arles). Une proposition d’écoutes sous différents formats : installation, balade, exposition, diffusion radio (locale).
POUR UNE CRÉATION PARTAGÉE
L’Atelline trouve sens à travailler l’infusion, les projets qui relèvent de l’enquête et du dialogue, défendre l’idée que des artistes en création, en résidence, parce qu’ils participent d’une présence renouvelée et riche pour le territoire, marquent les esprits et les territoires investis à long terme. Plus encore que d’autres formats plus « classiques », l’espace public devient avec eux un médium et un support au déploiement d’une dramaturgie et d’un imaginaire.
Leur puissance subversive est considérable et permet d’ouvrir et de débloquer les imaginaires.
La dimension expérientielle y est fondamentale et porteuse d’une voie nouvelle dans la réception publique.
Il nous importe de valoriser ces productions qui participent au renouvellement des esthétiques.
Nous imaginons avec Jérôme Hoffmann formuler ces invitations à la découverte des créations sous différentes formes et pour différents publics :
• Journées « portes ouvertes » pour les jeunes générations, lors des résidences d’écriture de la création en cours LA NATURE ÇA N’EXISTE PAS dans les écoles primaires de Juvignac
• Conception, élaboration et composition de la création partagée RÉSONANCES CROISÉES. Une approche et une mise en jeu des perceptions du territoire par les habitants et personnes le traversant régulièrement. Le territoire comme terreau de la création. Une convocation des différentes appréhensions de l’environnement sonore avec un travail spécifique auprès des personnes mal-voyantes.
Une approche et une infusion au cœur de Juvignac pour tendre vers la composition d’une nouvelle pièce.
• Représentations tout public des créations : L’EFFET DOPPLER / Á L’ÉCOUTE DE JUVIGNAC, et des siestes sonores cinématiques MAR I MUNT et SUB AQUA et d’une carte blanche.
Une intervention auprès des élèves de la classe de composition en deux étapes :
• 2024/25 premières rencontres sous forme de workshop. Initiation aux pratiques du field-recording (techniques d’enregistrements des paysages et détails sonores), entrée dans la musique concrète et pratique des outils de traitement sonores, présentation d’objets sonores et techniques de création électro-acoustique. Utilisation de la multi-diffusion comme un élément de narration et d’écriture de la partition.
• 2025/26, Transmissions des captations effectuées sur le territoire de Juvignac et accompagnement dans l’écriture des compositions des élèves mêlant instruments et bandes sonores et/ou acousmatiques.
2026, diffusion sur le territoire de Juvignac des créations composées par les élèves du conservatoire lors d’un temps de programmation imaginé avec l’équipe de l’Atelline dans un lieu non dédié inédit. (Golf de Juvignac, bord de la rivière la Mosson…)
Après des années de compositions pour le spectacle vivant, la création de la structure Braquage sonore & Cie a permis à Jérôme Hoffmann de déployer des créations dont la colonne vertébrale est le sonore.
L’association avec la Scène Conventionnée L’Atelline est une opportunité de continuer à expérimenter, dans un territoire périurbain hybride par nature, une écriture sonore à partir de fragments du réel déjà déployée dans différents types d’espaces (Parcs naturels, friche industrielle militaire de la Halle Tropisme à Montpellier, quartier prioritaire de la politique de la ville à Narbonne…).
Un process de composition qui utilise la captation sonore comme moyen de découverte de l’espace mais également comme média de rencontre avec les personnes qui le côtoient et ainsi se faire une place dans leur environnement : devenir visible pour évoquer avec eux le sonore.
Ce qui est en soit une première invitation à venir découvrir les créations qui s’inspireront de leur environnement.
Ces matières sonores seront par la suite, utilisées dans la composition au même titre que les instruments, en fonction de leur qualités (mélodiques, spectrales, rythmiques ou d’intensités). En ne négligeant jamais leur potentiel à continuer à susciter la curiosité et ainsi inviter de nouveaux publics à venir découvrir une création sonore contemporaine.
L’enjeu supplémentaire de la création partagée « RÉSONANCES CROISÉES » sera de partir du singulier du territoire pour toucher à l’universel de ces espaces. Une interprétation par Jérôme Hoffmann des ressentis partagés avec les populations lors de ce temps d’immersion de deux années pour une recherche des énergies, des flux, des intensités comme substrat de la partition de la pièce sonore.
Cette association permettra pour la première fois (dans les créations portées par Braquage Sonore & Cie) d’aller à la rencontre du jeune public avec « LA NATURE ÇA N’EXISTE PAS ». Elle sera une poursuite du travail d’exploration électroacoustique autour d’objets sonores et de matières naturelles avec pour moteur l’envie de faire découvrir une musique qui née au plateau, du geste, de sa justesse sur des matières instables. Une recherche la combinaison idéale entre le visuel des manipulations et le sonore qu’elles génèrent afin de plonger le spectateur dans une rêverie dans les paysages.
Pour ce travail exploratoire, Jérôme sera associé à Fabien Coulon qui dans ses nombreuses créations a développé le souci du geste, du corps, du son et de l’objet. Il partagera la composition avec Jean Poinsignon précurseur de la bio-musique en France.
Intervenir sur le territoire de la ville de Juvignac dans la métropole de Montpellier sera également l’occasion de mettre en dynamique tous les opérateurs locaux avec qui l’équipe de Braquage Sonore & Cie travaille depuis plusieurs années. Un espace idéal pour continuer à transmettre et faire découvrir la création sonore à des publics diversifiés. Et un espace d’ouvertures et d’invitations à d’autres artistes sonores.
Le dispositif
Le dispositif de compositeur et compositrice associé.E dans les scènes pluridisciplinaires facilite l’accès des compositeurs aux outils et aux moyens de production et de diffusion. Il permet de donner une place structurante de la musique à moyen et long terme, pour la diffusion mais aussi la production et les actions d’éducation artistiques et culturelles.
Enfin, ce dispositif vise à favoriser, par la présence et la médiation d’un créateur, la rencontre entre les artistes, les œuvres et le public.
Objectifs de la démarche
L’objectif de ce dispositif est de proposer un cadre de collaboration partagée entre la direction d’une scène pluridisciplinaire (scènes nationales, scènes conventionnées, etc.) ou scène de création non dédiée exclusivement à la musique (CDN, CCN, centres culturels de rencontre, etc.) et un compositeur ou une compositrice, pour contribuer à l’enrichissement de leurs activités artistiques et culturelles respectives.
Cette collaboration est financée par la Sacem et le ministère de la Culture (Direction générale de la création artistique)