« Il y a des lieux qui nous appartiennent, des lieux où l’on a le sentiment d’avoir sa place, de se confondre avec le cadre. Des endroits où l’on projette ses rêves, ses sentiments, ses espoirs. Ce peut être sa chambre, son jardin, son salon, tout comme des lieux publics ; si ces lieux laissent une empreinte dans nos vies, ils sont aussi à notre image. Cette «intimité» se joue du temps : la seule évocation de ce bâtiment, de ce champ, de cette place… qui aujourd’hui peut-être a changé de visage, fait revivre cet endroit et les multiples histoires qui s’y sont déroulées. Ces paysages (urbains, naturels, de la sphère domestique) sont les témoins muets de nos vies, et cette attache invisible rend plus forte la complicité que nous avons avec eux. Je suis photographe de territoires. Je ne cesse de chercher ce lieu où j’ai ma place. Pour moi, ce paysage intime se situe là où il y a des cîmes, dans un confin alpin. Le temps se suspend lorsque j’observe les lignes des paysages alpins : elles évoquent pour moi ces lignes de la main que l’on peut parcourir en tentant d’en deviner la fin ; si elles sont nôtres, elles portent en elles un secret. C’est à deux que nous sommes allés recueillir les mots et les images de quinze habitantes et habitants de la Métropole de Montpellier sur leur paysage intime. Leurs récits nous permettent de traverser un territoire, des trajectoires de vie, des bouleversements paysagers. » Caroline Houal